Les enfants disparus

Publié: 1 septembre 2015 dans Petites hystéries (textes très très courts)
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L’horreur est humaine…

Toute petite nouvelle qui n’aura plus aucun intérêt si je vous la présente… Découvrez la par vous même, les ombres vous attendent…

(Elle se trouve aussi ici !)


Les enfants disparus

          Ce sont des ombres furtives qui semblent se déplacer comme le vent souffle, glacial et impitoyable. Allongées, portant habits de nuit et haut-de-forme spectaculaires, elles glissent dans la pénombre des rues et pénètrent sans gêne dans les demeures. Elles y restent quelques minutes, silencieuses et discrètes, puis en ressortent aussitôt, aussi vaporeuses que le brouillard. Elles portent chacune un sac de toile sombre qui se gonfle comme leur parade nocturne évolue. On cri, on pleure, on se plaint. Mais les êtres ne réagissent pas et continuent leur tournée dans une procession silencieuse. Et lorsque le soleil revient, les ombres se sauvent en dehors de la ville, prenant soin de ne laisser aucune trace d’elles. Dans les maisons, les lumières s’allument et la stupéfaction se fait, sans bruit mais violente, devant les lits vides des chérubins et la fenêtre ouverte de leurs chambres. On hurle au malade, au voleur, à l’assassin… On fouille, on cherche, on angoisse mais une semaine passée, on arrête la battue, désespérés et soumis à la mélancolie. Puis la nuit retombe, les ombres réapparaissent et les enlèvements continuent…

 

          Puis le mois d’après, un petit cirque arrive en ville, coloré et discret, s’installant près de la place centrale. Des affiches sont collées sur les murs de pierre, de la musique entêtante raisonne dans les ruelles et une odeur sucrée se repend dans l’atmosphère. Alors, les habitants y vont, dépensant leurs maigres économies pour oublier leur peur quotidienne. Ils déambulent parmi les cages, riant et s’étonnant des phénomènes présentés, des monstres horribles qui s’exhibent sous la contrainte. Ici, des frères siamois ; là, une jeune fille aux joues découpées en un long sourire ; juste à côté, quatre paires de bras pour un seul corps et là encore, une paire d’ailes noires émergeant du dos maigre d’un jeune homme. Et on montre du doigt, et on se moque de ces adolescents à moitié nus qui restent silencieux et immobiles, fuyant le regard des spectateurs. Et ils sont ridicules, les spectateurs, ils sont aussi laids que les monstres. Ils regardent leurs enfants disparus sans les reconnaître, trop défigurés pour être le fruit de leurs entrailles. Et pourtant, ils sont bien là les kidnappés, derrière les barreaux froids de leurs cellules peintes. Ils souffrent sans bruit, le visage tailladé, le corps modifié et l’esprit dévoré. Puis les habitants ignorant, leur curiosité satisfaite, partent avec le sourire aux lèvres. L’argent sonne dans la caisse et le cirque s’enfuit aussi vite qu’il est venu. Et à chaque nouvelle étape, les ombres traversent la nuit, les enfants disparaissent et la troupe de monstre s’agrandit…

Les pleurs se mêlent alors aux railleries…

Les parents retrouvent inconsciemment leurs enfants perdus et rient. Ils rient à s’en briser les côtes et à en tomber raide mort…

Car c’est bien vrai qu’ils sont drôlement horribles, leurs enfants disparus…

Aussi horribles que leurs parents…

Image en creative common de Cali4beach (lien en description)

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commentaires
  1. chachashire dit :

    C’est super mais heureusment que ça ne dure pas trop longtemps. brrrrr 🙂

    Aimé par 1 personne

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