Le bleu et le rose

Publié: 21 septembre 2015 dans Pensées (presque) logiques
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Bien, je me dois de vous faire un aveu : plus jeune, alors que je sortais à peine de la maternelle, je ne possédais aucune petite voiture, aucun pistolet. Au contraire, je demandais fréquemment à mes parents des poupées au même des robes de princesse. Je ne m’en cache pas, pour moi ce n’est pas une honte, j’étais seulement « différent ». Or non ! Je n’étais pas différent ! C’était plutôt eux, les autres, qui me trouvaient étranges, anormal, voir odieux. Les adultes le gardaient bien évidemment pour eux, l’air gêné, mais les enfants sont cruels, vous le savez bien…

Mais ne peut-on pas éduquer un enfant sans vouloir décider à sa place ? Apparemment, non. Car, voyez-vous, un enfant qui, préconçu pour le bleu, se tourne vers le rose, c’est indéniablement que quelque chose a raté, que nous, parents, avons failli à notre tâche, que le sort s’acharne sur notre famille et que, instantanément, la honte va l’envahir… Moi qui croyais que la société avait évolué ! Comment cela se fait-il que nous ayons toujours aussi peur de ce qui sort de la norme ? Comment cela se fait-il que certaines personnes aient peur de mettre au monde un enfant qui va sortir des sentiers battus, comme les Egyptiens craignaient de créer un enfant roux ? Laissez votre enfant libre ! Laissez-le faire ses propres choix, affirmer ses goûts qui, même s’ils influencent sa vie future, ne pourront pas lui porter préjudice !

Car oui, en le privant de cette liberté, vous nuisez à votre enfant. En lui fixant des règles grotesques, il évoluera avec elles et celles-ci se transformeront en incompréhension, puis se changeront en intolérance. En intolérance face à une petite fille jouant aux cow-boys, face à un garçon s’organisant un goûter avec ses personnages imaginaires, foule qu’il préférait aux joueurs de football, croyez-en mes souvenirs d’enfance…

Autre point que l’on néglige un peu trop : l’injustice entre le sexe masculin et le sexe féminin. Effectivement, lorsqu’une fille se traine brutalement au sol, lorsqu’une fille s’essaye au bricolage, lorsqu’une fille fait du sport, on la désigne comme étant un « garçon manqué », terme non pas dénue de cruauté puisque désignant un échec. Cependant, lorsqu’un garçon s’amuse avec une tête à coiffer, lorsqu’un garçon joue à la dinette, lorsqu’un garçon ose imaginer des histoires de châteaux fantastiques, on l’accuse d’office d’être homosexuel, comme si cela était une faute, un drame, un crime ! Or, pour la famille, c’est tout une fierté qui s’écroule : grand dieu, leur fils ne sera pas un vrai garçon, espérons que le « garçon manqué » fouille dans les affaires de son frère !

Mais l’aspect le plus grave de ce blocage rétrograde est l’enseignement que l’on donne à l’enfant et l’image qu’on lui offre de la société. Dinettes, bébés, poupées, matériel de ménage, planches à repasser… Autant de jouets qui apprennent à nos chères filles qu’une femme doit avant tout être belle, savoir faire à manger, élever un enfant et faire les tâches ménagères. De l’autre côté, voitures de courses, ballons, matériel de bricolage indiquent à nos garçons que la société arrivera avec beaucoup de peine à les accepter s’ils ne sont pas forts, robustes et habiles de leurs mains. C’est à ce stade que nous remarquons le vrai problème ! A cause de ces différences, les écarts se creusent et la liberté se fait discrète. Doit-on focaliser nos derniers espoirs dans les figurines et autres aux jouets unisexes ?

Vous voyez donc que ce problème qui parait anodin est plus compliqué qu’il n’y parait. Les médias le nomment « Théorie des genres », mais je trouve terme artificiel pour un fait qui existe depuis des siècles. Un fait qui exclue des enfants, qui entraîne l’intolérance, qui creuse les inégalités entre les deux sexes, mais qui reste collé à l’arrière-plan de nos débats. Un fait qui m’indigne et qui m’entraîne à finir ce discours sur ces mots : excusez-moi, je dois partir, j’ai des poupées à habiller…

Image en creative common (lien en description)

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commentaires
  1. Margot dit :

    Très intéressant cet article qui m’a bien parlé, en effet, moi, enfant, j’étais pareil, mais dans le sens inverse puisque je suis une fille. J’ai hais le rose, j’ai détesté les princesses et j’aime pas du tout les robes. Je me suis déjà fait la réflexion que pour un garçon c’était forcément pire d’être porté sur le rose et les objets féminin que pour une fille, comme tu l’as expliqué. Cela dit, je n’ai pas été exempte de remarques, de moqueries (comme tu dis, les enfants sont cruels)

    Le pire, c’est la tendance à tout catégoriser et sexualiser de nos jours, des surprises pour enfants dans les paquets de bonbons ou des fastfoods, aux cahiers de vacances. En rose pour les fille et en bleu pour les garçons, avec des princesses et des licornes pour les filles, des pirates et des dinosaures pour les garçons.

    Je déteste cette tendance, et comme tu le dis si bien, laissons les enfants choisir ce avec quoi ils veulent jouer, s’habiller. On leur imposera bien assez par la suite de se conformer à la société, autant les laisser faire tant qu’on les excuse en raison de leur âge.

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