Archives de la catégorie ‘Petites hystéries (textes très très courts)’

Je vous livre aujourd’hui un petit texte (poème en prose ?), qui fut ma fierté lors d’un concours ayant pour thème le souvenir (puisqu’il a gagné ^^), mais qui fut aussi un toute nouvelle expérience lors de son écriture puisque le sujet traité est assez marquant (et peut choquer les plus sensibles d’entre vous)… Je vous laisse découvrir tout cela, et sachez que vous pourrez retrouver ce texte ici : Je me souviens ! Bonne lecture !


Je me souviens

Hier, papa est mort. Aujourd’hui, il est sous terre. Le ciel semble aussi endeuillé que les invités couverts de noir, couverts de larmes et de mélancolie, couverts de désolation et de pluie. Les fleurs gisent sur sa tombe comme une flaque multicolore de pétales trempées, et moi je me souviens. De quoi ? Je ne sais pas encore. Mais je sais que je me souviens. Ça vient de loin mais c’est maintenant tout proche, ça se précipite à travers les ruelles de mon cerveau. Alors que les discours dégoulinent des lèvres tremblantes, alors que la mélodie des lamentations résonne dans la valse des mouchoirs, alors que c’est à moi de prendre la parole, je me souviens. Mon cœur crie et ma mémoire hurle. J’ouvre la bouche, le souvenir explose sous mon crâne. Je reste silencieux. Les lointains grincements du vieux matelas envahissent mon esprit. Je pleure et sa voix s’immisce dans mon subconscient : Tu ne diras rien à ta mère.

Photographie en C.C de Ashley Ringrose (lien en description)

Photographie en C.C de Ashley Ringrose (lien en description)

Un petit poème tout simple et sans prétention que vous pourrez retrouver ici : Le mauvais temps !

N’hésitez pas à me donner votre avis !


Le mauvais temps

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Il y avait du vent, ce jour-là.

Il était léger, très léger, mais ressemblait à une véritable tempête à travers le prisme de mon cœur brisé.

Les arbres se pliaient sous le poids de ce ciel trop blanc.

Trop blanc comme ma peau, comme mon visage certainement, mais moins blanc que ta main tremblante qui s’était posée sur mon épaule.

Il faisait froid aussi.

Un froid de nuit d’hiver.

Oui, c’était une nuit d’hiver en été. Ce n’était pas la réalité mais ça l’était pour moi.

Et pour toi aussi, peut-être.

Toi qui transpirais le remords et le regret comme si cette mauvaise météo était de ta faute.

Toi qui n’arrivais pas à lâcher ma maigre épaule.

Je savais qu’il y avait du soleil dehors, qu’il y avait un ciel clair et dégagé. Mais ce paysage-là était destiné aux gens heureux, je crois.

Et pour toi aussi, peut-être.

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Oui, il faisait beau, mais je t’ai tout de même conseillé de prendre ton parapluie. Pour te protéger de ces gouttes qui tomberont bientôt de mes paupières closes, de ces cascades salées qui s’écraseront contre ta conscience, contre ton âme libérée, et contre tes espoirs mourants, j’imagine.

Un parapluie comme barrière,

Un parapluie contre les souvenirs,

Un parapluie contre l’hésitation,

Un parapluie contre le désir de m’embrasser,

Et un parapluie pour tous ceux qui n’osent pas sortir de chez eux pour ne jamais revenir.

Et pour toi aussi, peut-être.

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Alors, tu m’as souri.

Tu m’as obéi.

Tu as pris ta valise.

Et tu es parti.

Pour toujours.

Dans ce mélange de beau et mauvais temps qui tourbillonnait pour les désespérés, pour les esprits sombres et pour les yeux rougis par l’usure.

Et pour toi aussi.

Peut-être.

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Photographie en C.C de Mary Crandall (lien en description)

Photographie en C.C de Mary Crandall (lien en description)

L’horreur est humaine…

Toute petite nouvelle qui n’aura plus aucun intérêt si je vous la présente… Découvrez la par vous même, les ombres vous attendent…

(Elle se trouve aussi ici !)


Les enfants disparus

          Ce sont des ombres furtives qui semblent se déplacer comme le vent souffle, glacial et impitoyable. Allongées, portant habits de nuit et haut-de-forme spectaculaires, elles glissent dans la pénombre des rues et pénètrent sans gêne dans les demeures. Elles y restent quelques minutes, silencieuses et discrètes, puis en ressortent aussitôt, aussi vaporeuses que le brouillard. Elles portent chacune un sac de toile sombre qui se gonfle comme leur parade nocturne évolue. On cri, on pleure, on se plaint. Mais les êtres ne réagissent pas et continuent leur tournée dans une procession silencieuse. Et lorsque le soleil revient, les ombres se sauvent en dehors de la ville, prenant soin de ne laisser aucune trace d’elles. Dans les maisons, les lumières s’allument et la stupéfaction se fait, sans bruit mais violente, devant les lits vides des chérubins et la fenêtre ouverte de leurs chambres. On hurle au malade, au voleur, à l’assassin… On fouille, on cherche, on angoisse mais une semaine passée, on arrête la battue, désespérés et soumis à la mélancolie. Puis la nuit retombe, les ombres réapparaissent et les enlèvements continuent…

 

          Puis le mois d’après, un petit cirque arrive en ville, coloré et discret, s’installant près de la place centrale. Des affiches sont collées sur les murs de pierre, de la musique entêtante raisonne dans les ruelles et une odeur sucrée se repend dans l’atmosphère. Alors, les habitants y vont, dépensant leurs maigres économies pour oublier leur peur quotidienne. Ils déambulent parmi les cages, riant et s’étonnant des phénomènes présentés, des monstres horribles qui s’exhibent sous la contrainte. Ici, des frères siamois ; là, une jeune fille aux joues découpées en un long sourire ; juste à côté, quatre paires de bras pour un seul corps et là encore, une paire d’ailes noires émergeant du dos maigre d’un jeune homme. Et on montre du doigt, et on se moque de ces adolescents à moitié nus qui restent silencieux et immobiles, fuyant le regard des spectateurs. Et ils sont ridicules, les spectateurs, ils sont aussi laids que les monstres. Ils regardent leurs enfants disparus sans les reconnaître, trop défigurés pour être le fruit de leurs entrailles. Et pourtant, ils sont bien là les kidnappés, derrière les barreaux froids de leurs cellules peintes. Ils souffrent sans bruit, le visage tailladé, le corps modifié et l’esprit dévoré. Puis les habitants ignorant, leur curiosité satisfaite, partent avec le sourire aux lèvres. L’argent sonne dans la caisse et le cirque s’enfuit aussi vite qu’il est venu. Et à chaque nouvelle étape, les ombres traversent la nuit, les enfants disparaissent et la troupe de monstre s’agrandit…

Les pleurs se mêlent alors aux railleries…

Les parents retrouvent inconsciemment leurs enfants perdus et rient. Ils rient à s’en briser les côtes et à en tomber raide mort…

Car c’est bien vrai qu’ils sont drôlement horribles, leurs enfants disparus…

Aussi horribles que leurs parents…

Image en creative common de Cali4beach (lien en description)

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N’aie pas peur, ma belle, n’aie pas peur…

Texte gothique, hommage personnel à Poe, tue l’ennui écrit en cours de mathématique, mais avant tout histoire d’amour malsaine…

(Vous pourrez aussi découvrir tout cela ici !)

Comme toujours, n’hésitez pas à me donner votre avis…


Le lit éternel

N’aie pas peur, ma belle, n’aie pas peur.

Je reste auprès de toi, tout près de toi, et rien ne pourra t’atteindre dans ta prison de bois, ni la mort, ni le froid.

Le vent souffle dehors mais dors, toi, dors. Je guette, je surveille, je protège ton visage paisible recouvert de ce voile angélique. Les ombres paraissent menaçantes à la lueur des cierges mais ce n’est qu’une illusion. Tu peux te reposer en paix, rien n’existe ici, ni la peur, ni le danger.

Ton cœur qui bat lourdement entre ces murs glacés suffit seul à me consoler de la nuit qui s’infiltre lentement, avec une douceur inquiétante, entre les barreaux rouillés de la porte branlante. Ce rythme apaisant éclipse le reste, tout le reste. J’oublie les hurlements du temps, les cris nocturnes, et les enfouis dans une amnésie sombre pour mieux contempler la pâleur de tes joues.

Allons, étouffe ces doux gémissements, fige ces lèvres tremblantes et aime-moi. Aime-moi comme je t’aime et, dans le rêve où ta conscience t’a emmenée, veille sur moi. Rien ne nous séparera, ni la pénombre, ni la brise glaciale, ni l’écho de ce tombeau silencieux.

Le tonnerre gronde à l’extérieur, tes paupières frémissent nerveusement. Laisse-moi te garder, mon amour. Pressé contre ton cœur battant, partageant ton lit éternel, je saurai te consoler de la frayeur de la nuit, de la mort, de l’amour. Alors, je resterai immobile et pour toujours, éploré contre ton corps froid. Et ma voix, dans un faible filet de mots indistincts, susurrera à tes oreilles closes :

N’aie pas peur, ma belle, n’aie pas peur. Je suis là.

Image en creative common de Bob Jagendorf (lien en description)

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